L'épouvantail
Le gargouillement
de ton livre ouvert sur mes épaules,
Comme le sang de
mes veines dans mon manque de vol,
Les mots – des feuilles
d’automne empruntées d’hier,
Je reste dans mon
lit comme restant sur une pierre,
La seconde
glissante dans la mer du temps –
Chat noir en se
cachant dans la nuit des vents,
L’avenir – une larme
dans l’océan des vagues perdues,
Mon visage, sans
nom, a trop des noms confondus,
L’arrête du
temps reste en visite sur mon chemin,
C’est quoi la définition
du lendemain ?
Marchant sur l’eau,
mes pensées, vertes, bleues, noires,
Elles dansent leur
dernier tango du désespoir.
Parfois les
mouettes criblent mes idées,
Jusqu'à frapper la
porte de mon esprit vidé…
Je me réveille,
sommeil, matin-nuit d’une vie…
En regardant des plumes-mémoires
sur le parvis,
Cette musique de
tuyaux effrayés, effrayante,
Dans ma boite à poupées
malades et bruyantes,
Toutes les marionnettes
qui gagnent leur ombre
Dans mon cerveau –
quelle musique sombre!
Et après, l’arbre,
habillé comme un épouvantail,
Comme un héro après de
longues et tristes batailles,
S’arrête… Et
moi – oiseau caché, oiseau déchiré,
Je souris sans
raison aux feux des murs désirés,
Eau de mer sur
mes mains, eau torride, eau folle,
Oiseau qui va se
dissoudre au milieu d’une hyperbole…
Je regard l’épouvantail
de ma fenêtre-prison,
Je le regard
comme ça, comme je souris, sans raison…
Et puis le coup…
les oiseaux noirs ils s’en volent…
Le reste de moi:
mes gestes, mes mots, le symbole…
Après je
vole, je flotte dehors de cette chambre-chagrin,
J’ai mon bourdon, mes
chaussures et ma carte de pèlerin,
Alors je prends
ton ombre avec moi et je mets mes ailes,
Et on part tous
les deux vers un ciel-violoncelle…
Julia Kretsch
8 décembre
2012
Bucarest
Je retombe dans mon tombeau
Tout ce que tu dis est, oh, si beau,Mais
c’est seulement des fleurs sur mon tombeau.
Chaque jour je t’aime, je t’aime si fort, Chaque nuit tu choisis ma mort.
Coupe mon
cœur, arrache mes ailes, Fait de ma mort
un carrousel.
Je crie pour toi, je crie « au secours » Et toi, tu me tues, jour après jour.
Combien de fois
dois-je mourir ? La seule à m’battre, à
souffrir…
Je pars, tu m'cherches alors partout, Je reviens, je n’te reconnais plus…
On joue
le jeu d’amour et du remord, Pour moi l’enfer,
pour moi la mort…
Julia Kretsch 26 novembre 2012 Bucarest
L'escalier
Tu peux descendre,Tu peux monter, Tu peux
vivre, Mais qu’est-ce que tu fais?
Tu
peux rire, Tu peux voler, Tu peux sentir, Mais qu’est-ce que tu fais?
Tu restes là, Bloqué, Tu restes là, Sur l’escalier.
Il y a plus que ça De chaque coté, Il y a plus que ça, Mais peux-tu
oser?
Il y a de l’amour, Il y a de la paix, Une vie pour toujours, Mais qu’est-ce que tu fais?
La vie
est une seconde Et c’est beau de rêver Avant quitter le monde, Mais qu’est-ce que tu fais?
À quoi bon prier sans foi? Attendre jusqu’à demain? T’as la réponse déjà, C’est là, c’est dans tes mains.
À quoi bon pleurer ta croix? Est-ce que tu te sentiras mieux? T’as la réponse déjà, C’est
là, devant tes yeux.
Tu coupes ton souffle – l’enfer… Arrête! Il faut respirer… Le bonheur est dans l’air Mais qu’est-ce que tu fais?
Tu peux tout faire, tu as tout, L’espoir, tu dois le garder Et il faut aimer surtout... Mais
qu’est-ce que tu fais?
Il y a sur ta bouche Un sourire qui n’ose pas sourire, Il y a dans tes yeux Une lumière qui
ne veut pas mourir.
Tu as sur tes épaules Des ailes qui restent fermées. Pire
que la mort C'est de ne pas oser voler...
T’as
pris la main de ton âme-sœur Et tant des
signes tu as été donné – Amour, chaleur,
sourires, bonheur... Ne reste pas là! C’est
froid, le marbre de l’escalier...
Julia Kretsch 30 décembre 2010 Constanta
Prisonnier
De ta prison si confortable Tu es bien aimable...
Mais le confort À quoi ça sert si on est mort?
Julia Kretsch 29 Avril 2012 Berlin
L’air de la mer, Tendre lavande, Et un souris parmi Les souvenirs de l’avenir…
Je t’attends avant Que le monde profond S’en va au delà De l’enfer vert…
Trop
court l’amour, Trop
de peur, de douleur, Sans
espoir, sans vouloir, Je
commence la contre-naissance…
De tout ce
qu’il reste, Un geste, Le souffle du vent Au néant…
Julia Kretsch 5 Juillet 2012 Bucarest
L'ombre
Je voulais regarder une photo de moi
Mais je ne sais pas pourquoi
Je n’ai plus de visage comme toi…
Peut-être je n’existe plus
D’une façon je sais que je l’ai su –
La sûreté de l’imprévu…
Mais sans espoir et, en tout cas,
Sans corps, sans être vu, sans voir,
Si, tumultueuse, la mer me regardera,
J’existerai dans ses eaux noires…
Et j’aurais le vert herbe de
mes yeux
Dans les vagues mauves, violentes en rumeur,
Et l’orange de mon feu, vivant, courageux,
Sur un ciel de toutes les couleurs…
Alors j’aurais des vies sans nombre,
Etant jour et nuit, joyeux ou sombre,
Toi – ma lumière et moi – ton ombre…
Julia Kretsch
11 février 2011
Bucarest
De mes oreilles à
mon cœur, ta voix:
Le vertige doux d'une
étoile dans un coquillage vers la
mer…
De mes yeux sur mes poèmes, tes larmes:
Petits miroirs de la douleur, de l’espoir,
la pluie de l’hiver…
De mes mains vers les îles du ciel, tes papillons:
Ces rêves-ballons à qui
le bonheur donne de la chair…
De mes pieds, des racines flottantes, tes ailes:
Dans le miroir de ma vie, le monde est à l’envers…
Julia Kretsch
11 février 2011
Bucarest
Devant moi
Je m'allume, je me fume, je me perds dans l’idée de l’avenir, Comme un nuage blanc de vieux
souvenirs Sur le ciel noir... Ce matin je suis été une maison de pluie Et maintenant je suis un murmure dans la
nuit... Demain? On va voir...
Julia Kretsch 9 février 2011
Bucarest
Vous êtes
des milliers de dieux
cachés dans vos maisons...
Julia Kretsch
8 février
2011
Bucarest
Vous êtes
des milliers de dieux
cachés dans vos maisons...
Julia Kretsch
8 février
2011
Bucarest
Assis
Assis
Assis
Je reste assis
Je reste là
Je ne bouge pas
Parfois je dors
Parfois je pense à la mort
Mais en tout cas
Je ne bouge pas
Je suis chez moi
Je ne bouge pas
Je ne vois que toi
Tu n’es plus là
Mais en tout cas
Je ne bouge pas
Quoi faire? À quoi ça sert?
Ici et là, dehors
Moi je m’endors
Et je vais mal
La vie est sale
Mais en tout cas
Je ne bouge pas
Je ne sors pas
De ma chaleur à moi
J’ai peur de la vie
Je crois que je suis puni Alors je dors
Et je pense à la mort
Je ne bouge pas
Je reste comme ça
Mieux rêver
Que d’essayer
Je crois que je suis maudit
Tant pis
Alors je reste là
Je ne bouge pas…
Julia Kretsch
3 février 2011
Bucarest
Quelques pas… Quelques endroits…
Et après… La nuit tombait…
Silence… Le temps filait…
Optimiste incurable, la vie souriait...
La mort, aimable,
s’approchaît...
Et, peu à peu, la
vie mouriait
Chaque fois que ma main, vide,
te cherchait...
Et toi, l’ombre du rêve, tu disparaît…
Julia Kretsch
31 décembre 2010 Constanta
Si, un jour, tu ne sais plus
Où tu es
Viens te retrouver
Dans
mon regard perdu...
Julia Kretsch
18 août 2010
Bucarest
Le labyrinthe
Un bruit dans la nuit…
Le son du démon qui vole
– d’une façon il abandonne…
Le mystère de la Pierre…
Puis l’ange du
coquillage Alors espoir, pouvoir pour croire…
Crépuscule en verre qui se verse sur la Terre…
Un
miroir qui brûle, les rêves, ils s’annulent…
Les mots de fer Je les laisse derrière…
Je
me lave des mes cicatrices, Je ferai un nouvel édifice…
Tu m’as trouvé dans mon labyrinthe et t’es
devenu ma nouvelle absinthe…
Julia Kretsch 26 janvier 2010 Bucarest
Finisterre
Je suis une onde Au bout du monde
Je suis l’espoir D’un
cri de désespoir
Je suis un miroir Ici pour te voir
Je suis la tempête Qui t’arrête
Je suis
l’importance De la distance
Je suis la mer Qui embrasse la terre
Je suis la flamme D’une
femme
Je suis l’homme Qui te consomme
Je suis la prière D’une rivière
Je suis ta peur A
travers la douleur
Je suis le commencement D’abaissement
Je suis la face De la menace
Je
suis l’odeur D’horreur
Je suis la tristesse De la richesse
Je suis le bonheur De ton cœur
Je
suis tout ce que je suis Je suis la terre détruite
Je suis ta mère, ton père Je suis le Finisterre.
Julia
Kretsch 25 février 2010 Bucarest
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